Muse

Publié le par Adora

Je suis à la maison. Il y a de la résignation dans le propos. Comme les murs sont froids.

"C'est que tu es encore dehors", souffle l'ange.

Ils ont peint la ville en gris.

Le gris n'est pas la couleur préférée de l'humain.

Comme les murs sont gris.

"Ce sont les murs de la ville", glisse l'ange.

Oh. Comme les murs sont froids et la visions grise.

Je suis pourtant à la maison. Voilà. Comme un tapis mou.

J'ai été déposée. Là. À la maison.

Mais comme les murs sont froids. Comme le jour est gris.

La nuque est humide et s'y accrochent le froid. Les visions.

À force de conduire le temps comme un autobus on se prend à ne plus bouger. Et s'attendre à ce que ça avance.

Mais il y a du grand dans les façades.

Comme les murs sont grands.

"C'est normal", mesure l'ange.

 

Nous n'avons plus de ce nuage sous le corps.

Il s'agissait d'agir sur la matière qui nous façonne.

De faire de l'air une drogue aliénante.

Pour se conduire soi-même comme le temps conduit les autobus.

Nous l'avons ôtée, cette onde fantastique.

Nous avons souhaité faire de la matière la matière. De la matière.

Il dit : Une-matière-et-une-matière. Et de la matière, de la splendide matière inaliénable sortit de la terre.

Nous somme un blasphème et nous coupons la matière.

Nous croquons le divin et lui donnons des drogues faites d'ondes.

Nous galvanisons l'os.

L'incision du crâne permet le transport du cerveau. Et l'existence des micro-ondes.

Mais nous avons voulu remédier à nous-même.

Faire de l'os étrange du bois.

Alors - bien sûr, "à quoi t'attends-tu gamine" a soupiré l'ange - la mollesse des mots aliénés s'est transformée en vision claire.

Il s'agit de voir le gris.

"Dorénavant tu verras la ville et lorsque tu seras sur le seuil tu seras sur le seuil", articula cruellement l'ange.

 

Lorsque nous conjurerons les conjurations passées, les dramaturgies léchées, le ahanement des masses matérielles, les anges insolents et la vérité-vraie (oh la vérité-vraie) nous le ferons à coup de découpage de la matière.

Lorsque nous décollerons les ailes (nous savons tout) des anges névrotiques, nous le ferons à l'aide d'ondes illicites.

De la drogue aérienne des après-midi-vérité aux matins lascifs faits de la joie noire d'immensité.

Car nous ne sommes rien. Ni toi.

Et qu'aux sourires admiratifs, aux maux de ventre du spectateur transi, de celui qui fera trois jours et demi d'angoisse superflue du simple fait d'avoir croisé cette matière qui n'est - même - pas la vôtre, nous répondons "nique".

Nous vous roulons nous-même dans ces soirées antiques où l'éclaircie brièvement verte (l'éclat du verre) affectait terriblement les oiseaux-humains.

"Quelle est donc cette aspiration à faire de toi l'oiseau presque mort, humain ?" demanda l'ange avec sincérité.

Nous lui cracherons dessus. Car lui aussi a été névrotique, un jour. Et qu'il est sensible à nos ondes aériennes.

Celles qui font des jeunes filles à - 14°C des anges de bois liquide.

Et donne la mort en poudre aux enfants-un-peu-trop-éveillés-voire-un-peu-trop-intelligents.

Les ondes aériennes qui donnent à Paul l'envie d'être un homme. Un vrai homme pas humain.

Celles qui font d'Anne-au-regard-lune-et-à-la-tunique-bleu-amour-qui-embrasse-tendrement-du-regard-lune-les-ânes-qui-sauveront-le-sud-américain-crucifié le maelström des dancefloor (c'est sexué).

Ces ondes qui.

Font croire qu'Ana a.

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