Les papillons et la forêt noire.

Publié le par Adora

Les papillons et la forêt noire.

 

 

Il y en a un petit, sur une aile, Grenade, sur l’autre, la Mort.

Il y en a un moyen, sur les ailes, des taches ovales, tendres et noires.

Il y en a un moyen un peu plus grand, aux ailes en forme de feuille de houx. Ses ailes ont la couleur des rideaux au-dessus des falaises.

Les trois sont bruns. Brun-jaune, brun lumière-de-lampe-en-chambre-d’hiver. Brun de forêt et brun de nuit.

Ils se frottent contre les troncs en forme de lignes verticales affaissées, contre les troncs qui ont froid, les troncs-mille-ligne et mille-crevasse.

Ils s’y frottent et regardent de leurs yeux-la-mort-aux-rayons-ultra-violets l’intérieur des arbres-les-maisons.

le petit et le moyen et Grand dansent ensemble les yeux fermés, les corps immobiles et les ailes figées, ils dansent, de la tristesse de voir l’intérieur des arbres avec les yeux-ultraviolets.

du brun de leurs ailes colorant l’intérieur.

du brun de l’intérieur de leur trompes colorant les joues contre la peau de l’intérieur du ventre de arbre.

ils regardent l’intérieur depuis l’intérieur de leurs paupières fermées - ils attrapent le bord de leurs paupières avec leur petits doigts et retiennent le tout - se concentrent sur l’intérieur.

ils recouvrent leurs mentons de leurs paupières étirées - ils tirent sur leurs cils, leurs cils de papillons.

secouent leurs estomacs, les papillons.

ils font des ronds avec, les papillons.

 

ils secouent la soupe dans le ventre, les papillons.

la soupe brune et les haricots-transformés-en-pois-cassés

 

ils gratouillent le ciel avec leurs antennes gratouillent le tronc des arbres encastrent leurs antennes dans la crevasse des arbres la crevasse renouvelée mille fois mille fois noire mille fois sèche et mille fois humide et mille fois grise et noire et mille fois intérieure

 

 

 

les petits traits d’encre noire et passée par le temps vire vire vire-vire au au-gris.

au-gris.

 

 

gris-violet .

gris-vert-et l’humidité.

 

 

 

et l’alphabet triste des lettres tremblantes d’hiver

l’alphabet des, triste des lettres de

 

de l’hiver.

 

 

 

ils mettent tous leurs petits doigts à la verticale

à l’horizontale

à l’intérieur des crevasses

 

 

pour

 

 

rêver qu’ils y mettent le corps tout entier

 

 

 

petit a rêvé qu’il se débarrassait de ses ailes

il aurait eu l’impression d’être tout nu

et

- oh le nombre - auraient été bien tristes et bien affolés

mais

 

 

petit

 

 

 

il enlève ses ailes a l’impression d’être tout nu

et se

glisse dans le délice

 

de n’avoir plus que son corps lisse

et de ramper entre les lignes

de pénétrer dans l’intérieur

nu

nu-tout-nu

pas comme un vers

nu

comme

un papillon-enlevées-les-ailes

d’entrer frigorifié par les vivions intrapaupérales

dans l’eau sèche de l’intérieur

il se fond sans plus le brun des ailes dans le brun des lumières de l’hiver

il se sent nu quand il voit que les visions sacrémentviolettes de la nuit présente l’ont conduit à se faire nu pour pénétrer les crevasses des lignes d’arbre le long des lignes verticales et molles du tronc des arbres de la forêt noire-de-nuit noir de nuit inversé

ces parois de salle de bain l’émail insoutenable et l’éclat diamanté de cette insupportable salle de bain - oh les habitants du ventre des arbres habitent les salles de bain-quoi-dire - où sont-ils les chalets de mon enfance ? dit l’enfant.

désormais les arbres aux crevasses d’encre n’ont même plus le ventre dur de bois

le ventre dur de bois

le ventre dur de bois

et la dureté du bois

la branche plate et claire

que l’on brise

n’a plus l’éclat charnel du bois-vivant, s’écrie l’enfant.

désormais-désormais, nous sommes :

nous sommes :

sans sortir-à peine

sans sortir-nu

sans

sortir-nu sortir-nu

il sort-nu à peine, sans.

sans nous sommes.

nus.

 

II -

 

Main prend le pain et

le pain

met

dans la soupe

il met le beurre sur le pain

et le pain dans la soupe

le pain plein de beurre et de beurre

plein de beurre mou le pain

dans le bain

 

avec ses orteils il répartit le beurre qui n’est pas réparti

il enfonce ses orteils dans le pain mou et

dans le beurre mou

il est dans la salle de bain

tous nus les pieds

tout nu le petit corps de petit papillon

il est tout nu dans l’eau du bain mais debout

debout dans l’eau du bain les pieds sur la tartine molle au fond de l’eau au fond de la soupe.

écrasée dissoute sous le poids nul de papillon-petit petite tartine et les pieds gras du beurre

la tartine écrasée d’eau pleine d’eau gorgée de soupe

 

plafonds et mur se moquent Avec leurs grandes bouches ils font une bienveillance triste et

- oh il fait si froid

triste et - oh

triste et

froide

 

 

il se voit debout teinté de bleu clair et rouge (les couleurs des dessins)

il se voit debout en forme d’angle très grand - le chapeau

le bateau

il voit les mains et la mousse dans son cou

ses antennes courbées d’eau lourde

devenues noires

noires d’eau

lourdes d’eau dans les mains de peut-être Moyen ou le Grand-moyen

celui-là qui passe ses mains-soleil

les dents du râteau

dans la masse de mousse des cheveux légers de mousse

légers de mousse

il se voit il se voit

les yeux pleins du savon

la mousse

le léger

le savon dur qui coule de l’huile

la graisse

le savon à l’huile qui lui brûle les yeux

il a entendu les rires et la voix brune de celui-là qui lui passait les mains

il a senti dans son dos les mains à plat

mouillées contre la peau

sous le tee-shirt léger de mousse

il a senti les bulles éclater sur ses genoux

entendu la mousse finir de mousser pour mourir et

sécher

et faire la peau grasse quand il n’y a plus d’eau pour sécher

 

il s’est trouvé là tout seul le tee-shirt plein de savon et le short tout mouillé

et gras

son chapeau en papier - le bateau

est tombé dans l’eau du bain

il a gratté sur ses yeux le savon qui brûlait

avec le précis du verre contre le verre son ongle sur l’orbite

 

il a ouvert les yeux et s’est trouvé là tout seul

nu

tout nu

pas de mousse dans les cheveux

pas de mains longues étalées sur le dos

pas de short mouillé : nu

tout nu sentant le mouillé en place du froid glacial

de sa nudité seule

 

a rêvé les mains la mousse idiot

transi

contre l’émail glacial

et l’eau sale qui froidit

 

il a cru et il met ses mains dans ses cheveux mais ne les trouve pas

tu n’as pas de cheveux

et tu n’as pas de tee-shirt

tu es nu et tes antennes sont lourdes d’eau noires d’eau

il pleure non pas le savon dans les yeux

 

il ramasse son tee-shirt par terre

il sèche ses cheveux

il ne comprend pas

qu’il ne voit rien

qu’il est à l’intérieur de l’arbre dans

 

 

la salle de bains

 

et que triste lui-même il fait sonner l’émail de la baignoire

le son de marbre et de cuivre avec la boucle de sa ceinture il

la cogne

ça cogne il fait du bruit contre l’émail

idiot tu n’as pas de ceinture tu es nu

et mouillé

 

idiot triste sans ceinture sans tee-shirt et sans cheveux et surtout sans

surtout sans

sans

sans surtout

surtout

sans

Grand ou Moyen.

 

 

 

 

Seul dans l’arbre et plein de savon sur le corps nu,

il n’y a plus de quoi sécher.

 

III - Les arbres.

 

Les arbres, c’est peut-être Moyen

qui part en errance individuelle

c’est sans doute un voyage immobile

ses vitres d’yeux

en verre le positionnement-voyage.

les arbres. Moyen et les arbres

Moyen et les arbres et Moyen.

le papillon Moyen a les yeux tout contre (la caresse)

l’image des arbres.

Il a les yeux tout meurtris

de se frotter contre les crevasses

et le sang apparaît à quelques endroits

dans sa vision-peau piquée contre le

 

bout des branches.

 

IV - Errances de Moyen

 

errances de Moyen en nuit dure

les forêts contre les villes coulent

ses les souliers et la force des mains

manque de moyens

contre leurs hauts

et leurs griffures

 

V -

 

sol, brun, se répand en d’affreuses taches brunes

le désordre de race

le coin des papiers bruns

sol et les larmes de terre contre bruns et sols

la race

les morceaux d’antennes dans l’eau du sol

en forme de tache d’eau brune la lune

fume un peu

contre ses ailes la lune

ses ailes brûlent un peu

et la terre commence à lui sortir des yeux par là où il respire

de l’intérieur gratouillent les morceaux de terre vivants

gratouillent contre la sortie du dehors et ne trouvent pas les pores

les terres vivants contre lui

ses écailles sur l’eau

 

 

forêt coule et répand en terre son liquide brun

 

 

forêt muselle et ne retient pas la foule

sonliquide

coulecontrelesol

leliquide de sesterres nombreuses

qu’elle ne retientpas

 

coule contre les corps nombreux de Papillon aux écailles sèches

 

VI -

 

las et mou et molle et lasse, papillon.

mince et flou et dur et tendre, le mort léger

 

les impasses qu’il caresse de toutes ses mains lasses de mur

il pleure pour les fleurs boire

et retourne griffer son visage aux arrêtes fraiches

le revêtement rêche du mur du fond

contre alcove

ses mains aveugles rendent ses yeux aveugles de caresser les écailles de

 

 

l’autre.

 

 

gras et las et lent

le disque de

sa lumière

autour de sa tête

cliquette

contre

le regard de

 

 

l’autre.

 

 

l’impasse-nuit

et la pluie volontaire

contre l’ordre des os

sème désordre aux cheveux

 

VII -

 

Empli du vide

de toutes les morts

et du fixe

contre son tronc de douleur

le petit être

se frotte

contre lui-même

en dedans de lui-même

il se rapetisse

et très mal

il a

toutes ses petites choses

en dedans de lui

il se fait petit

crie vers l’intérieur

pour qu’on ne l’empêche pas

de crie

pour

qu’on ne

l’empêche pas de

 

crie.

 

 

 

pas.

de.

de crie.

de crie.

 

 

VIII -

 

Ses craies. Son vide.

Son âme. Ses traits.

Ses faces. Ses âmes.

Ses tires, sa flamme,

l’ho

 

mme

 

 

son âge, ses qui tires.

 

IX -

 

à moyen de se répandre, à chercher les chats petits qui s’échappent

doucement vive

doucement vives les fuites

des petits animaux

qu’il lui fallait

àvoir

 

X -

 

Les forêts se mettent à plusieurs.

Il fait nuit désormais.

Les grilles grises

contre les arbres

n’oscillent pas

font un frisson

dans leur coeur.

Ils se sentent à parcourir les forêts,

engloutir le vent,

mâcher avec lenteur les milliers de feuilles,

prendre dans leurs paumes les branches et les branches

forêts forêts !

Forêts et forêts et forêts !

Papillons !

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